LE ROVA DE MANJAKAMIADANA (le Palais de la reine à Antananarivo Madagascar) renaîtra de ses cendres
La nuit du 6 novembre 1995, un incendie, dont l’origine est restée inconnue (criminelle, disent la plupart des gens), a détruit un ensemble de bâtiments de la Cité royale, le Rova de Manjakamiadana à Antananarivo. Cette destruction a été vécue par la population comme un traumatisme moral, psychologique, ontologique. Par cet acte, on s’est attaqué aux symboles de l’Histoire et à la mémoire des grands ancêtres – dont les tombeaux ont brûlés;
De nombreux trésors ont été sauvés de la catastrophe… certains assurent même qu’ils avaient été sortis avant ! Une preuve de plus, disent les sceptiques, que le sinistre fut d’origine criminel, les coupables étant peut-être bien dans la sphère politique. Une histoire de crédits était en effet en cours avec l’Unesco, qui voulait consacrer le site Patrimoine de l’humanité. En tout cas, la documentaliste allemande Erika Rothgangel possède les photographies complètes de la collection de tableaux décimée, et celles-ci vont être numérisées sur cd-rom, afin de reconstituer plus ou moins les originaux.
La reconstruction du Rova de Manjakamiadana a débuté en 2008, les uns ont que ce n’était pas trop tôt, les autres pensaient par contre qu’il fallait le garder tel que, dans son état délabré, c’est à dire avec ses vestiges, témoins d’une histoire tumultueuse. Bien des années après, la tristesse des Malgaches n’a pas été effacée. Incendie criminel ou accident ? On n’a jamais voulu identifier ni les cerveaux, ni les auteurs qu’on aurait dû attraper avec les moyens actuels. Comme il fallait absolument trouver des responsables, des arrestations ont eu lieu et un simulacre procès s’est tenu à Arivonimamo. Mais cela n’a pas refermé la plaie. Le Palais de Manjakamiadana représentait une grande partie de l’histoire Merina, une partie de l’histoire de Madagascar. Il y eu des premières levées de fonds. Mais au bout du compte, aucune autorité, à l’époque, n’était en mesure d’avancer la somme requise. Pire, le nouveau régime avait dénoncé des détournements, mettant en cause, semble-t-il, des responsables du projet de reconstruction du Rova. Nouvelles nominations. Nouvelles structures. Actuellement, Art graphique et patrimoine et Colas sont chargées de réaliser les travaux de reconstruction. En d’autres termes, le financement est maintenant effectif. On se souvient du où, le Palais du Premier ministre, à l’époque de la royauté, trônant à quelques mètres de Manjakamiadana, était également ravagé par le feu. De nombreux dossiers confidentiels ont disparu, réduits en cendres. Une enquête fut ouverte mais l’hypothèse de l’icendie accidentel était retenue. La réhabilitation fut décidée et les travaux achevés en un rien de temps.
L’enjeu pour cette reconstruction est multiple. Culturel, historique, économique, voire politique. Les entreprises choisies devraient user de leur savoir-faire pour restituer l’architecture initiale. Reconstruire le Rova de Manjakamiadana à l’identique n’est plus possible.
Notons qu’en septembre 1996, la reconstruction du temple a commencé et est actuellement achevée. La restitution des tombes royales ont aussi débuté quelques temps après l’incendie. Les << Fitomiandalana >> qui abritent les dépouilles des souverains et leurs proches sont entièrement restitués ainsi que les deux grands tombeaux.
On peut traduire Rova par camp fortifié, ou place forte, qui était entouré autrefois par une oalissade faite de pieux de bois pointus. C’était également le lieu de résidence d’un prince ou d’un roi. Situé au sommet d’une colline ou d’un rocher, sa situation privilégiée assurait un poste de défense et d’observation idéal et permettait de se retrancher en cas d’attaque. Jusqu’à la fin de la royauté, les tombeaux des souverains étaient bâtis dans l’enceinte du Rova. Tous les corps des souverains y ont été réunis. Le premier tombeau originalement décoré renferme les corps des reines : Ranavalona 1ère, Rasoherina, Ranavalona II et Ranavalona III. Le second tombeau renferme le corps d’Andrianampoinimerina. Les sept autres tombeaux alignés renferment les corps des souverains depuis Andrianjaka.
Il ne faut pas oublier que d’Analamanga à Antananarivo, la capitale a toujours intégré, à des échelles défférentes selon les périodes, les populations des zones rurales et des provinces. L’espace symbolique de Manjakamiadana par exemple est géré comme un village, où non seulement tous les rangs de l’Imerina, mais tous les groupes malgaches se sont exprimés. Les rois qui ont construit le Rova on su intégrer les savoirs des provinces dans ce Palais, et ont regné sur tout Madagascar.
La porte d’entrée du Rova est surmontée de l’emblème du << Voromahery >> l’aigle qui est un oiseau puissant, symbole du pouvoir royal.
Ce haut lieu de l’Histoire n’a pas pour autant perdu de son attrait pour les touristes. Anatirova est un lieu incontournable, de par sa signification mais aussi de part son emplacement. Juchée sur un énorme rocher, le Palais de la Reine domine la vaste plaine du Betsimitatatra. Une vue panoramique saisissante, pour celui qui veut comprendre pourquoi le Palais de la Reine avait été construit sur les hauteurs d’Andohalo.
Source : http://site.voila.fr/