Les cyclones à Madagascar
Madagascar est une île située au large de la côte est de l’Afrique, de laquelle elle est séparée par le canal de Mozambique. Sa situation – au sud de l’Equateur – la place dans un bassin cyclonique, une zone où des perturbations tropicales à intensité variable se forment. Chaque année, le pays doit faire face à au moins deux cyclones, la moyenne de la formation des perturbations étant de 9 cyclones par an.
Pour mieux comprendre l’incidence de ce phénomène naturel sur l’économie et la vie de Madagascar, il faut d’abord comprendre ce qu’est un cyclone et comment il se forme. Le mot cyclone (du grec kulos, cercle) a été utilisé pour la première fois en 1845 par Piddington, un météorologue en poste à l’observatoire de Calcutta. Il désigne les perturbations atmosphériques occasionnant des vents tourbillonnants et des pluies diluviennes dans le Pacifique sud, nord et dans le sud de l’Océan Indien – incluant Madagascar. L’équivalent anglais du mot cyclone est hurricane qui se traduit plus généralement par ouragan – qualifiant les cyclones de la zone américaine. Le typhon qualifie quant à lui les cyclones du sud-est asiatique. Le cyclone se forme en haute mer où se croisent des courants d’air chaud et froid. Cette formation se passe en deux étapes distinctes. D’abord, pour qu’un cyclone se forme, il faut que la température de l’eau de mer soit de 26°C sur 60 m de profondeur.
Un nuage vertical se forme alors à la surface de l’eau et cette masse nuageuse est souvent associée à une basse pression – ou dépression puisqu’en moyenne, la pression au centre de ce que sera le
cyclone avoisine souvent les 960 hPa (hectopascals) alors que la pression normale de l’atmosphère est de 1013 hPa ou 760 mm de mercure. Cette forte dépression située entre deux anticyclones (zones de haute pression) va renforcer le mouvement du vent qui est créé par la différence de pression dans l’air ambiant.
Le tourbillon caractéristique du cyclone est créé par la force de Coriolis qui est liée à la rotation de la Terre et déplace les molécules d’air vers la gauche dans l’hémisphère nord et vers la droite dans l’hémisphère sud. La force de ce tourbillon augmente de la périphérie au centre du cyclone – appelé oeil du cyclone. Paradoxalement, le « mur de l’oeil », c’est-à-dire un rayon de 20-25 km autour de l’oeil du cyclone, est la zone la plus dangereuse de la perturbation. Les rafales de vent peuvent y atteindre 300 km/h alors que dans l’oeil même du cyclone, le temps est presque clément avec peu de précipitations et des vents atténués. L’oeil du cyclone se déplace suivant une trajectoire parabolique et l’intensité de la perturbation varie souvent quand le cyclone se heurte à un récif côtier ou à des estuaires. Il se déplace en moyenne entre 15 et 25 km/h. A Madagascar, les cyclones pénètrent en général dans les terres par la côte ouest ou dans la partie nord-ouest de l’île. Il se dirige ensuite vers le sud pour rejoindre le canal de Mozambique. Cet itinéraire est cependant loin d’être immuable puisque, quelquefois, le cyclone s’intensifie de nouveau en mer avant de retourner dans les terres par la côte sud-est.
De tels scénarios sont catastrophiques puisque le cyclone redouble d’intensité après le contact avec la haute mer. La saison cyclonique se situe entre le 15 novembre et le 30 avril et les pays de la zone concernée c’est-à-dire les îles dans l’Océans indiens nomment, dans un ordre alphabétique, à tour de rôle – et à l’avance – les perturbations qui risquent de se former. Les météos nationales disposent de trois seuils d’alerte qui permettent aux autorités de prendre les dispositions nécessaires afin de protéger la population du cyclone : il y a d’abord l’avis d’avertissement, quand la menace est encore imprécise, il y a ensuite l’avis de menace qui signale un danger existant mais non immédiat. Enfin, il y a l’avis de danger imminent qui se réfère à un cyclone d’intensité plus ou moins élevée sur l’échelle de Dvorak. Cette échelle sert à déterminer la puissance du cyclone – comme le fait l’échelle de Richter pour les
tremblements de terre – et elle dispose de 6 échelons précis classés sur une échelle de 1 à 7: la dépression tropicale (avec des rafales de vent de 61 km/h), la tempête tropicale modérée, la forte tempête tropicale, le cyclone tropical et le cyclone tropical intense où les rafales de vent peuvent atteindre les 330 km/h. A Madagascar, le cyclone le plus meurtrier qui ait été enregistré jusqu’à ce jour a été Géralda qui a ravagé le pays en février 1994. Ce cyclone, d’une intensité de 7 sur l’échelle de Dvorak, était accompagné de rafales de vent de 280 km/h et il a fait 231 morts et 73 disparus. Les cyclones Eline et Hudah figurent aussi parmi les plus violentes perturbations que Madagascar a dû essuyer même si, chaque année, le pays enregistre des dégâts considérables à chaque passage de cyclone. L’économie est paralysée à la même période de l’année car le cyclone détruit les routes, les cultures et les habitations avec les inondations et glissements de terrain qu’il provoque. Comme Madagascar ne dispose pas encore d’un plan d’urgence efficace et que la stratégie nationale en matière de gestion des catastrophes naturelles est encore balbutiante, chaque cyclone appauvrit un peu plus la population et freine le développement du pays chaque année.
Article écrit par
Toli
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